Ockakumi
Yasushi Inoué, écrivain japonais né en 1907, dans son ouvrage sobrement intitulé 'Le Maître de Thé', sublime cette fonction qui occupait dans le Japon du Seizième Siècle une place considérable.
Un univers où l'on pensait au rythme de l'écoulement du précieux liquide, où l'on n'existait que pour suivre la Voie des Samouraïs, ou la Voie du Thé, placées à des degrés comparables de distinction.
Un kanji (nom donné aux idéogrammes japonais, porteurs de concepts et de toute la philosophie d'un peuple), un seul kanji était accroché au mur de la salle de thé lors des cérémonies. C'est sur ce kanji bien souvent que, thé aidant, les convives méditaient.
Ils méditaient, sur ces choses qu'on comprend mieux à la verticale, dans le même mouvement que le thé déversé.
Je regardais le thé s'écouler dans mon bol
'Deviens, thé adoré, l'exutoire attendu'
(Folle est celle qui croit que le Maître le verse
A un autre dessein que celui de son Art)
Force, dans le poignet qui soupèse le bol,
De guider, constamment, ses rapides volutes.
-Penser au bon grammage - Estimer l'épaisseur-
Encore, mélanger des feuilles savoureuses
Et semer des parfums comme on remet l'Obole.
-Encore, un peu d'arôme et -Encore- Un peu d'eau;
Et un coup de spatule, en spirales précises.
Toujours, le geste sûr, 'simple et sain' nous dit-il.
Cela me fascinait, ce thé rené cascade.
Doit-on en contempler la chute impétueuse?
Cesser de désirer qu'elle emporte avec elle
Septembre dans son cours? (Et d'autres siècles avec)
Je regardais, rêveuse, ce thé dans mon bol...
(T'attends-tu à me voir nier que je suis folle?)
ISobel
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