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La Beauté Terrible.

22 Décembre 2009 , Rédigé par ISobel Publié dans #Curiosités

Voilà aujourd'hui un titre jouissant d'une formulation claire qui annonce sobrement et efficacement le contenu de l'article qui le suivra!


Dans mon paysage intérieur, la Beauté Terrible est une vision assez récurrente, qui tient une place particulière, à équidistance de l'autel et de la douve. Elle est vénérable, car a l'instar de toute beauté, elle éveille certains élans proportionnels à sa force et a contrario haïssable par les sentiments pénibles qu'elle fait germer simultanément aux impulsions d'adoration.

Elle est présente partout mais fort heureusement, ses plus éloquents spécimens sont rares. Comment me direz-vous peut-on être heureux que la beauté soit distribuée aux yeux des mortels avec pareille parcimonie? Il suffit de cerner l'exacte nature de la chose. Parlons peu mais parlons bien, et comment moins parler qu'en une image:



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Voilà ce que j'entends par 'Beauté Terrible'.
Le plus saisissant exemple qui soit: majestueux, hypnotisant, mais pétrifiant.


Il y en a d'autres. Icendies, typhons, marées noires, des visions sinistres et saisissantes, les méduses, la belladone, les virus, ces traîtres qui charment l'oeil et poignardent les imprudents dans le dos. Beautés Terribles ou Empoisonnées, quelle différence? La trahison est là. Mais elle ne coule pas de la même source: le traître véritable dans le cas des Beautés Terribles, c'est soi-même, la subjectivité qui confond nos ressentis et nos intentions.
Je ne veux pas aimer ce qui sent la souffrance, mais mes yeux, ma peau, mon ventre, par leur écarquillement, son tremblement, son caverneux hurlement, se figent et réclamment plus de Beauté, même si elle tue.


Je blogue, ce qui signifie que cet article n'est pas seulement là pour se pâmer en considérations esthétisantes, mais pour réagir à un vécu.
J'ai vu la Beauté telle que j'aurais préféré ne jamais la voir, sur le fantôme (sublime fantôme) d'une muse, dans ses traits creusés, sur son omoplate ciselée, dans l'ombre d'une clavicule saillante, alors je me demande: est-ce que c'est ça, aimer? Tolérer l'idée de rester béate et brûlante devant une beauté adorée qui présente pourtant tous les signes extérieurs de la souffrance?

Quelle doit être la proportion de culpabilité ressentie, par opposition au degré de jouissance, lorsque l'on se surprend à frémir devant la beauté décuplée d'un visage aimé terriblement amaigri? Quelle claque mentale, combien de pincements doit-on s'infliger pour s'empêcher de trembler d'extase devant la flamme sacrée et morbide de l'oeil fiévreux, malade, mourant? Doit-on appliquer une main préventive et sage devant notre paire d'iris lorsque ceux-ci se laissent aller à admirer les vêtements déchirés de la Lucrèce du Tintoret?
A partir de quand doit-on soulager et raccomoder ses liaisons synaptiques déglinguées par l'enthousiasme mêlé de répulsion, par l'attirance liée de rejets?

Comment racheter cette exclamation: "mon amour, la mort te va si bien..." ?

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