Camouflage de Sens

Les cours de Philosophie et de Littérature au Lycée, puis à l'Université, parce qu'ils étaient ponctués de ces barbares exercices de dissertation, ont toujours eu des effets très contradictoires sur moi.

Il fallait extraire des morceaux hostiles de leur harmonie d'ensemble, retenir des phrases entières, des concepts, des principes, des vues qui n'étaient pas les miennes, et être capable de les semer avec sagesse et parcimonie dans des développements structurés, dans un but que je n'identifiais pas toujours: est-il vraiment nécessaire de contrôler de façon aussi déplaisante qu'un savoir (pourtant passionnant à l'origine) est bien passé du maître au disciple?

Il n'en aura pas fallu plus pour me rendre allergique aux citations et aux quelques grands noms qui les suivaient presque systématiquement.

Mais heureusement, l'orgueil disparaissant au fil des années, je me suis réconciliée avec ces morceaux de pensée brutes et chargées de sens et ai fini par comprendre la réelle utilité de leur emploi:

Citer, c'est admettre avec humilité que quelqu'un a su trouver la transcription quintessentielle d'une pensée qui est aussi la nôtre, et reconnaître que l'on n'aurait pas été capable de le faire.

Je citerai donc la romancière, nouvelliste et journaliste Québécoise Michèle Mailhot qui, dans son ouvrage intitulé 'Le Portique' a dit:

"On ne choisit pas l'amour.

C'est lui qui nous prend, nous subjugue, nous arrache à nous-mêmes.

A-t-on du mérite à se donner quand on ne peut pas faire autrement."

...question de finir sur un article un peu cultirisant/culturifiant (au choix) avant l'espacement prévisible de la fréquence des mises à jour en période universitaire (...ou l'art du 'ça va' de parade).

illustration: Decaisne - l'Ange Gardien